Publié le 28 mars 2020

Le silence

Réapprivoiser le silence

Pendant cette période de confinement, nombreux sont ceux qui prennent du recul sur leur manière de vivre, de fonctionner en tant qu’être humain, mais aussi en tant que citoyen faisant partie d’une société. Alors que les hommes ont laissé la Terre reprendre ses droits, les animaux redécouvrent leurs terrains de vie et de jeux. Ils s’aventurent plus loin et viennent nous montrer qu’ils sont toujours là, qu’ils sont bien présents et qu’ils ont droit eux-aussi d’utiliser des terres que nous nous étions appropriées.

À Paris, la population redécouvre ce qu’est le chant des oiseaux et se rappelle leur existence et leur présence. C’est fascinant de voir comment un virus peut avoir des côtés bénéfiques sur notre manière de vivre. Il nous oblige à nous arrêter, à faire une pause dans ce rythme effréné qu’est la vie que nous avons créée, à écouter, à respirer sans pollution ou presque. Ainsi, dans les grandes villes, nous redécouvrons ce qu’est le silence et nos oreilles nous disent merci.
Le silence, l’absence totale de bruits autour de soi. Personnellement, je crois que je vais y prendre goût. Je vis dans un quartier résidentiel dans une petite ville du sud et en cela, je me considère chanceuse la plupart du temps. Mais prenons par exemple le bruit d’une mobylette d’un adolescent qui rentre chez lui ou qui veut simplement s’amuser pendant la journée et faire tourner le moteur de son engin pendant quelques minutes et venir ainsi rompre le calme si précieux qui règne au sein de ce voisinage. Est-ce que le confinement ne serait pas un bon moment pour ne pas pratiquer ce genre de chose et apprécier la nature dominante qui nous entoure, écouter le chant des oiseaux en tout genre qui se promènent d’un jardin à un autre.

Un, deux, trois, le roi du silence commence !

Aujourd’hui, mon copain et moi avons décidé de ne pas parler du lever jusqu’à 20h ce soir. Nous romprons ce silence volontaire par les applaudissements quotidiens, notre manière de remercier le personnel soignant qui prend encore et toujours soin de nous, mais aussi de remercier toutes les personnes qui continuent de travailler et de prendre des risques tous les jours pour que nous puissions continuer à vivre décemment. Donc, en décidant de ne plus parler pendant une journée complète, nous nous lançons un défi mais nous voulons surtout voir les effets que cela peut avoir sur notre manière de vivre et d’appréhender la tranquillité qui nous entoure.

Et alors que mes doigts dansent sur le clavier de l’ordinateur et que je fais de plus en plus abstraction du cliquetis des touches lorsque j’appose les mots sur ce texte, je me surprends à me concentrer sur les sons que je peux entendre depuis la chambre. En regardant par la fenêtre qui donne sur l’arrière du jardin, j’écoute le chant d’un petit oiseau qui en appelle un autre, ou encore le hululement d’un coucou en pleine discussion avec son acolyte à quelques branches de là et en arrière fond, toujours cette ventilation que j’avais presque oubliée… La machine me rappelle à l’ordre en un bruit sourd et persistant et je me résigne à accepter que finalement le vrai silence comme je l’entends n’existe pas réellement. Il ne se trouve que dans des lieux isolés et reculés, là où les technologies ne sont pas encore parvenues à envahir l’espace. Pour apprécier le silence, le vrai, peut-être faut-il aller vivre sur une île déserte ou s’échouer « par hasard » sur celle-ci et pouvoir ainsi, pendant quelque temps, profiter de la plénitude environnante. Et, en retournant vers sa vie d’avant, être ainsi capable de faire face à nouveau au brouhaha ambiant et reprendre le cours de sa vie d’avant comme si de rien était, le 11 mai prochain…

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